De la réforme de la haute fonction publique
L’annonce récente de l’organisation d’un forum national consacré à la réflexion sur le système de la haute fonction publique en vigueur dans le pays peut être analysée d’un double point de vue. On peut y voir l’amorce d’une nouvelle approche de la conduite de la réforme de l’administration, marquée par la volonté du ministère, en charge du dossier, d’associer les institutions et les acteurs publics concernés, à la recherche d’idées et de pistes pertinentes susceptibles d’enclencher un processus vertueux de changement dans l’appareil administratif. Mais on peut aussi, au contraire, y voir tout autant un aveu implicite de l’incertitude quant aux effets escomptés de la réforme projetée, conduisant ainsi le département concerné à anticiper sur l’échec probable de celle-ci.
Tout dépend donc de l’angle dans lequel on se place. Mais une chose est certaine, comme la déconcentration, la réforme de la haute fonction publique participe de la réforme de l’Etat. Pour qu’une action de réforme pareille réussisse, elle doit forcément s’étendre au gouvernement lui-même (composition resserrée, description claire des attributions de chaque ministre, responsabilisation avancée des tenants des portefeuilles ministériels, neutralité de l’administration et sa préservation des nominations partisanes, rationalisation du travail gouvernemental, restriction du cumul des mandats locaux et nationaux…). C’est dire que la réforme de la haute fonction publique envisagée risque d’être otage de la réforme de l’Etat.
Khalid BEN OSMANE.